Se faire mal
Avez-vous dĂ©jĂ suivi un cours d’art martiaux? La plupart d’entre eux, du judo Ă l’aikido, vont accentuer un apprentissage important : apprendre Ă tomber. Ça peut sauver votre vie! Après tout, on a souvent de bien mauvais rĂ©flexes. Essayer de s’amortir avec ses mains? Terrible idĂ©e – vos poignets peuvent se briser, vos coudes se tourner vers l’extĂ©rieur, et bang, votre visage heurte le sol de plein fouet. Apprendre les techniques adĂ©quates pour bien tomber, c’est hyper important.
Mais on est un peu peureux. On vit dans des environnements contrĂ´lĂ©s, on laisse de moins en moins nos enfants jouer les casse-cous (mĂŞme si ça aiderait leur dĂ©veloppement!), on Ă©vite de prendre des chances « au cas oĂą ça tournerait mal », on ne va pas non plus aborder l’inconnu(e) qui nous plait de peur de… Se faire rejeter? Faire mauvaise impression? Pourtant, on pourrait apprendre tant de chaque interaction avec autrui, de chaque occasion qui nous est offerte de prendre un risque!
On comprend. Après tout, selon des chercheurs de l’UniversitĂ© de Michigan (http://psychcentral.com/news/2011/03/29/social-rejection-hurts-like-physical-pain/24790.html), se faire rejeter, ça a l’effet d’une douleur physique : les mĂŞmes rĂ©gions du cerveau s’activent lorsqu’on se fait exclure ou larguer qu’une douleur physique subite et intense (pensez : s’Ă©chapper du cafĂ© brĂ»lant sur la jambe). La seule diffĂ©rence, c’est que le senseurs du cerveau ne repèrent pas une zone choc prĂ©cise. Bref, ça fait mal.
En terre amicale
Or, la technologie a rattrapĂ© nos mĹ“urs. Avec l’expansion des sites de rencontre, le terrain de jeu a changĂ©. La distance rend l’approche facile – pas besoin d’avoir peur de s’enfarger dans ses mots, de rougir, de bĂ©gayer… Pas de stress quant à « DĂ©pĂŞche-toi, il/elle sort du bus bientĂ´t! » ou « Comment va-t-elle rĂ©agir si je veux la draguer Ă l’Ă©picerie pendant qu’elle fait ses courses? » ou de « DĂ©solĂ©, j’ai dĂ©jĂ une blonde. » Sur un site de dating, tout le monde est lĂ pour des raisons semblables. L’insigne est claire, la voie est libre. S’essayer, c’est la norme. Et comme tout le monde ne peut pas plaire Ă tout le monde, se voir refuser, c’est aussi un peu la norme. Ça enlève la pression. Avec des applications comme Tinder, le processus est encore moins risquĂ©. La prĂ©misse de chaque interaction, c’est l’intĂ©rĂŞt mutuel. Si vous ĂŞtes matchĂ©s, c’est que vous avez passĂ© les sĂ©lections! Ă€ vous de vous rendre en sĂ©rie.
Cela dit, mĂŞme sur des sites de rencontre plus traditionnels, les enjeux sont plus bas que si vous deviez aborder quelqu’un devant une foule. Beaucoup moins de risques d’humiliation Ă entamer une conversation en message privĂ©, après tout. Imaginer les rencontres en ligne comme un terrain d’apprentissage pour « pratiquer » sa sociabilitĂ© – ou pour « supplĂ©menter » ses efforts de dragues Ă l’extĂ©rieur, ça aide Ă dĂ©dramatiser les premières conversations. Se donner la chance de rencontrer un autre ĂŞtre humain, ça devrait ĂŞtre plaisant, pas intimidant!
Bien entendu, si les sites de rencontres en ligne proposent énormément de choix et de chances de réussite, si vous vous y investissez, vous vous ferez probablement rejeter ou ignorer plus souvent que hors du monde virtuel. Nous vous conseillons donc de ne pas trop vous attacher à un profil en particulier; de ne pas trop passer de temps à travailler et retravailler un premier message non plus (ça fait pas naturel, anyway). Ne planifiez pas votre vie ensemble après une seule rencontre.
Bref, grâce Ă l’intermĂ©diaire d’un site de dating, vous pouvez apprendre Ă contrĂ´ler vos angoisses, vos hĂ©sitations, vos peurs. Ă€ ne pas craindre un premier pas. Ă€ apprendre Ă mieux tomber, pour mieux remonter Ă vĂ©lo. Ă€ ne pas laisser passer cette bonne vieille chance d’ĂŞtre aimĂ©, tsĂ©.