Si vous faites partie de ce million de femmes célibataires que compte le Québec et que l’ennui vous guette, voici les règles d’un sport tout indiqué pour vous: la solitude buissonnière. Une activité qu’on commence en solo mais qu’on finit rarement toute seule. Et à ce petit jeu, tout le monde gagne.
Depuis une vingtaine d’années, le célibat est devenu monnaie courante. Selon Statistique Canada, plus de deux millions de Québécois vivent seuls. Qu’il soit le fruit d’un choix ou de la force des choses, il y a des jours où l’isolement pèse lourd. Pour faire échec à cette solitude parfois douloureuse, plusieurs se tournent vers les agences de rencontres ou les sections « rencontres » des hebdomadaires locaux et des grands quotidiens.
Mais, de plus en plus, certains font le pari que c’est la vie quotidienne qui recèle le bonheur. Alors, au lieu de publier une petite annonce pour faire miroiter leurs charmes à une éventuelle perle rare, ils pratiquent tout simplement la solitude buissonnière. La première règle de ce passe-temps tout particulier est d’exercer une activité pour soi-même, et non plus dans l’unique espoir de rencontrer l’âme soeur; il s’agit de se faire plaisir, de se dorloter, de se payer du bon temps.
Deuxième règle: choisir des loisirs qui correspondent à nos affinités; fini les soirées passées à faire le pied de grue dans les soupers dansants alors qu’on déteste danser. Les sections « Quoi faire » de tous les journaux foisonnent de propositions d’activités mises sur pied par des organismes qui se sont penchés sur les besoins des personnes seules, et rares sont les regroupements qui n’offrent pas plusieurs types de loisirs. Parmi ceux-ci, il s’en trouve sûrement quelques-uns qui conviendront à vos goûts. Voici quelques idées qui devraient vous permettre de faire un choix ou de vous donner des idées.
SPORTIVES: À VOS MARQUES…
La sportive qui ne trouve pas chaussure à son pied dans l’éventail des loisirs offerts est à peu près inexcusable. À moins de rechercher un improbable club de ski nautique sur le lac des Castors, elle trouvera des dizaines d’associations offrant des activités anti-sédentaires. Un des prétextes le plus souvent invoqué pour ne pas pratiquer son sport favori est l’absence de partenaire. Soit, mais c’est précisément cette lacune que l’organisme J.A.S.S., comme plusieurs autres, tente de combler.
Aux célibataires mordues de tennis ou de badminton, le J.A.S.S. offre la possibilité de former des tandems pour disputer quelques parties. « Si les gens font des rencontres intéressantes, tant mieux, mais le but premier est de permettre aux gens seuls de pratiquer une activité qui nécessite un partenaire », explique Denis, membre du J.A.S.S. Voilà qui correspond tout à fait à la philosophie de la solitude buissonnière…
Celles qui aiment les sports plus doux seront peut-être davantage attirées par le golf, activité à la mode s’il en est. Et celle-ci est d’autant plus intéressante qu’on y est automatiquement jumelée à d’autres coéquipiers. Autre possibilité: les activités sportives qui n’exigent pas de partenaire, sans pour autant se pratiquer dans la solitude. Vous avez toujours rêvé de faire du ski, de la planche à neige ou de monter à cheval?
Alors, pourquoi ne pas vous rendre dans un centre de ski pour une leçon d’initiation en groupe. Même chose en ce qui concerne l’équitation. Il suffit d’aller dans un ranch. Dans bien des cas, même si vous étiez accompagnée d’un copain ou d’une copine, on vous intégrerait à un groupe. Prenez donc les rênes, et suivez le guide! II en va de même des descentes de rafting et des excursions en canot. Osez vous y rendre, et vous rencontrerez des gens!
Vous pouvez faire également des rencontres sportives sur SportRencontre.ca
Rejoindre un club de cycliste peut être aussi une autre excellente façon de rencontrer des amateurs du vélo dans votre ville. http://www.velo.qc.ca/fr/clubs-cyclistes/
SEULE OU EN CHOEUR
Vous avez une belle voix et vous aimez la musique? Laissez tomber vos concerts de salle de bains et joignez-vous à l’une des innombrables chorales du Québec. On y chante de tout: chant populaire, gospel, grégorien, baroque, classique; choeur ukrainien, italien, polonais, grec, bulgare; choeur féminin, masculin, pluriel… faites vos jeux! Il y a une chorale dans presque toutes les paroisses et les centres de loisirs, mais la plus importante est certainement celle de l’Université du Québec, avec ses 250 choristes amateurs. Pour joindre ses rangs, il suffit de s’inscrire au cours Chorale 1 000 offert par le département de musique de l’UQAM. Si on a déjà quelques notions de solfège, et qu’on réussit un examen d’admission, on peut être dispensée de ce cours.
Si la voix vous fait défaut, mais que vous avez du rythme, la danse sera peut-être un choix plus approprié. Là aussi, la diversité a fait son nid: danse aérobique, africaine, contemporaine; danse créative, folklorique, claquettes, danse de ligne, du ventre ou sociale… Cette dernière connaît même un regain de popularité depuis quelques années. Là encore, les possibilités d’inscription sont grandes puisque de nombreux centres de loisirs de la ville de Montréal offrent ces activités. Et, qui plus est, pour faire des claquettes ou pratiquer la danse du ventre, nul besoin de partenaire. Pour le reste, un petit coup de fil au club de danse, et vous saurez s’il se trouve une âme solitaire qui n’attend que vous pour former la paire.
LES GOURMANDES PASSENT À TABLE
Plusieurs restaurants ont compris que les célibataires représentaient une clientèle de choix. II suffit de parcourir le cahier week-end de votre quotidien, qui publie une liste de tous les soupers branchés, pour vous en apercevoir. Buffet rencontre, danse rencontre, souper interactif, déjeuner partage, cinq à sept romantique, les restaurateurs mettent leur imagination à contribution pour attirer les gens seuls à leurs tables.
Plusieurs associations organisant des activités sociales pour personnes seules mettent sur pied leur propres rencontres gastronomiques. Et, de plus en plus, leur philosophie s’apparente à celle de la solitude buissonnière. On s’y rend d’abord pour être en groupe et avoir du plaisir et non dans l’unique but d’y trouver l’amour.
C’est dans cet esprit que certaines associations proposent par exemple des soirées souper-théâtre à ses membres. « Nous nous réunissons pour pratiquer des activités qui sont plus agréables en groupe, explique Louise. La plupart de nos membres sont âgés de plus de 40 ans et disposent de moyens, mais ils désirent sortir entre amis. L’été, nous planifions des sorties gastronomiques dans les tables champêtres du Québec, des randonnées à vélo, dés parties de golf, des méchouis, et j’en passe. »
INTELLOS: À VOS STYLOS!
Les passionnées de lettres et de littérature ne sont pas en reste. D’abord, l’organisme Loisirs littéraires du Québec offre des ateliers de création et d’analyse, qui aiguiseront votre plume. Si vous êtes plutôt de celles qui aimeraient traduire leur vécu en un roman passionnant, l’atelier Récit de vie risque d’être le bon choix, et propose également un concours annuel doté d’une bourse de 500 dollars pour le gagnant.
Vous préférez jouer avec l’abc sans faire tache d’encre? Vous serez certainement attirée par le scrabble. Plusieurs clubs organisent des rencontres hebdomadaires auxquelles on peut se joindre. Certains jouent même au « scrabble duplicate »: l’ensemble du groupe dispose des mêmes lettres, et la personne qui accumule le plus de points l’emporte.
La lecture est l’une de vos activités favorites, mais vous ne voyez pas comment la pratiquer en groupe? Ne vous découragez pas, plusieurs bibliothèques municipales proposent des rencontres avec des auteurs ou des spécialistes de la littérature, des ateliers de discussion et d’échange sur les livres en vogue, ainsi que la présentation de différents ouvrages. En passant, les bibliothèques représentent souvent une source d’information privilégiée pour se renseigner sur les activités offertes dans votre région.
TOURISTES: EN VOITURE!
Bien sûr, la voyageuse peut toujours s’adresser à un Club Med pour planifier un séjour « hyperactif » à l’étranger. Mais celle qui est habitée par des préoccupations écologiques sera ravie de se joindre aux expéditions de la Société de biologie de Montréal.
Que ce soit aux Îles-de-la-Madeleine, à l’île d’Anticosti ou au Costa Rica, l’organisme propose un concept de villégiature où la découverte et l’observation occupent une place de choix. Les oiseaux, la faune et la flore sont étudiés au sein de leur environnement naturel, et la géologie des territoires visités fait également partie du programme. Les femmes seules voyagent plus que leurs confrères masculins. C’est aussi vrai en ce qui concerne les expéditions de la Société de biologie. Mais il y a tout de même quelques hommes qui se joignent aux groupes.
Si la nature vous passionne plus que l’aventure, les nombreuses associations d’horticulture et de jardinage offrent différentes activités dignes de votre pouce vert: cours de jardinage écologique, soirée d’information sur les géraniacées, conférence sur l’harmonisation des espèces dans votre jardin, formation sur l’entretien du bonsaï, etc. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les plantes, vous l’apprendrez en vous joignant à ces groupes dont le plus connu est certainement Les amis du Jardin botanique.
POUR LES NOSTALGIQUES…
Si vous avez envie de jeter un regard sur le passé, appelez vos anciennes institutions d’enseignement, qui vous indiqueront s’il existe une association d’anciens diplômés. Certains de ces regroupements offrent des rencontres mensuelles où il fait bon se retrouver, et vous pourriez avoir des surprises étonnantes. L’été est également la saison tout indiquée pour les réunions retrouvailles. Des familles de tous les coins de la province mettent sur pied des journées de rencontre pour les gens qui portent le même patronyme. Les associations de Tremblay, de Lajoie, de Pronovost, et bien d’autres, profitent de la belle saison pour replonger dans leurs origines. Certains vont jusqu’à organiser des colloques et même des voyages dans le pays quia vu naître leur ancêtre commun.
Outre les familles et les institutions d’enseignement, d’autres endroits ou associations que vous avez fréquentés organisent peut-être ce genre d’activités. II s’agit alors de consulter les journaux et, si vous avez l’esprit d’initiative, pourquoi ne pas organiser vous-même des retrouvailles pour faire revivre une époque qui vous tient à coeur?
… ET LES HUMANISTES
Vous aimez vous rendre utile? Le nombre d’organismes qui requièrent des bénévoles est incalculable. Qu’il s’agisse d’aider des enfants ayant des problèmes d’apprentissage, de traduire les propos d’un immigrant qui parle une langue que vous maîtrisez bien, de donner du temps à un service d’écoute pour personnes en difficulté ou d’enregistrer sur cassette le contenu des journaux afin de le rendre accessible aux non-voyants, les besoins sont si vastes qu’il s’en trouve certainement un ou deux qui rejoindront vos intérêts personnels, vos goûts, et vos talents. Tous les hôpitaux ont aussi leur service de bénévoles, et ceux-ci sont toujours à la recherche de personnes prodigues de leur temps.
Si on voulait dresser la liste de toutes les activités sociales, culturelles et sportives, on obtiendrait un bouquin aussi imposant que le bottin téléphonique. Si on veut vraiment sortir de chez soi et rencontrer des gens, tout est possible. Il suffit de consulter les journaux, de faire rouler ses doigts à l’intérieur des pages jaunes, ou de laisser aller son imagination. Mais surtout, il suffit d’oser.